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Une mine de souvenirs conservée 
chez Bernard Baginski 

Bernard Baginski, 67 ans, habite Liévin (Pas-de-Calais), depuis sa naissance. Il garde chez lui des photographies de l'époque minière qu'il transmet aux habitants actuels du territoire, via une communauté en ligne. Avec lui, le paysage de la mine existe toujours sur Internet. 

Par Rachel Notteau

Au loin, deux impressionnantes collines grises occupent le paysage. « Ce sont les plus hauts terrils d’Europe », s’enthousiasme Bernard Baginski, 67 ans, accoudé à la fenêtre de sa véranda à Liévin (Pas-de-Calais). Il est aux premières loges. « Il y a cinq ans lorsque j’ai pris ma retraite, je suis devenu nostalgique de l’époque minière », raconte l’homme aux cheveux grisonnants.

 

Pourtant, cet ancien professeur d’anglais, qui a toujours vécu à Liévin, n’a jamais travaillé à la mine. Mais son grand-père, arrivé de Pologne en 1925 est descendu au fond. Il est décédé de la silicose à 52 ans. Son oncle aussi, était mineur. Sa mère a travaillé a trié le charbon, de 1940 à 1943. Son père quant à lui, a travaillé pour une société minière sans descendre dans la fosse. « Finalement, j'ai toujours eu un pied dans la mine », songe Bernard Baginski, tandis qu’il s’installe à son bureau.

 

Sur son ordinateur, des anciennes photos de son quartier défilent. « J’ai pris ces photos dans les années 1980, alors qu'ils étaient en train de rénover tout le secteur. »

Fosse n°1 de la Compagnie des mines de Liévin. Crédits photos : Ville de Lens et Rachel Notteau 

Au bout de la rue de l'Abregain à Liévin, vue sur le chevalement de l'ancienne fosse 3 de Liévin en 1987 et 2021. Crédits photos : Bernard Baginski 

Plus de trente ans plus tard, le retraité décide alors de capturer les endroits immortalisés avant la fermeture de la mine. Désormais, à la place de la fosse n°1  de Liévin -fermée en 1979- un grand centre commercial a été construit. « Tout a changé. Maintenant il y a un cinéma, des fast-food… », soupire Bernard Baginski. 

« Vous voyez l’actuel Burger King ? Avant, il y avait mon ancienne maison », se souvient-il. La photographie suivante montre le parking de voitures du centre commercial. « Je pense à ces mineurs qui ont foulé le même sol alors qu’ils se rendaient au travail. Ce parking a une histoire », ajoute le photographe amateur. 

Ancienne maison des mines de Bernard Baginski (au premier plan) à Liévin en 1987 devenue une chaîne de restauration rapide (photo prise en 2021). Crédits photos : Bernard Baginski 

Depuis l’année dernière, Bernard Baginski transmet l’histoire du territoire à son échelle. Il publie sur le groupe Facebook « T’es de Liévin si… », des photographies de la ville prises avant la démolition des mines et d'autres, capturées au même endroit... en 2021. 

Les commentaires des habitants explosent. « J’ai eu de super retours », confirme le Liévinois. « Il y a de nombreux internautes qui s’y intéressent car ils n’ont pas connu l’époque minière. Ils sont curieux de voir la vie d'avant. Comme cette dame, qui s’est installée récemment à Liévin : ''Grâce à vous, j’ai pu voir l’évolution de la ville''. Elle m’a remercié pour mes photos », raconte Bernard Baginski, en esquissant un large sourire. Il repense à sa femme, qui lui demandait autrefois : « pourquoi est-ce que tu prends les terrils en photo mais tu n’en prends pas de nous ? » Pour lui, la réponse était évidente : « c'est la fin d’une époque. La fin des mines. Il faut l'immortaliser »

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